ESS, réemploi et bâtiment : c’est possible !

Retour sur l’atelier organisé par Les Ecossolies dans le cadre de la deuxième édition du Forum des Achats Innovants et Responsables. ESS, réemploi et bâtiment : c’est possible ! Oui mais comment ? L’exemple d’une collaboration réussie : le projet du Grand T. Avec Neila Bedjaoui, Cheffe du service développement du patrimoine bâti du Département de Loire-Atlantique et Charlène Beaudaire, co-fondatrice de Murmur réemploi.

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Les Ecossolies

Un lot dédié au réemploi sur un chantier d’envergure

Le Département de Loire-Atlantique a engagé depuis 2018 une démarche de transformation du théâtre Le Grand T, avec un investissement de 32 M€ TTC. Le projet est conduit avec une démarche de réemploi des matériaux assez poussée pour un chantier de cette envergure. Concrètement, sur les 23 lots du marché lancé par le Département, l’un d’entre eux a été dédié au réemploi. Ce type de lot crée les conditions particulières à l’intégration et/ou l’extraction de mobiliers – matériaux – équipements dans les projets (pour du neuf, de la rénovation ou de la déconstruction).

Ce lot réemploi été remporté par un groupement de 3 acteurs : OCEAN(association, chantier d’insertion), Station Services (ressourcerie matériaux aujourd’hui fermée) et Murmur réemploi (bureau d’études et de coordination). Concrètement, suite à la déconstruction, certains matériaux et mobiliers sont démontés, stockés et traités en vue d’une réutilisation sur place par les entreprises en charge du chantier, ou vendus lors de ressourceries éphémères. Des matériaux de réemploi venus de l’extérieur viennent également s’intégrer au projet dans la reconstruction.

L’importance de la maîtrise d’œuvre

Lors du FAIR, Neila Bedjaoui a insisté sur l’importance de la maitrise d’œuvre dans la démarche : dans le cas du projet du Grand T c’est la maîtrise d’œuvre, Caractère Spécial, qui a intégré cette dimension réemploi dans son offre.

La plus-value du réemploi est évidente d’un point de vue écologique et sa mise en place ne nécessite pas forcément plus de temps si elle est pensée en amont. Mais Neila Bedjaoui a soulevé également quelques problématiques auxquelles peuvent se retrouver confronter un donneur d’ordre lors de la mise en place d’opérations de ce type :

  • Des questions financières : pour le donneur d’ordre, la remise en état représente un coût, et pour le maitre d’œuvre le réemploi permet à sa proposition de se distinguer, mais représente également un coût supplémentaire.
  • Des problématiques techniques : le stockage des matériaux suite à la déconstruction par exemple peut être un frein – le site du Grand T avait quant à lui la chance de disposer d’espace suffisants.
  • Des enjeux d’assurance et de contrôle technique : les bureaux de contrôle ne sont pas toujours formés aux enjeux du réemploi de matériaux dans le bâtiment et il existe encore des flous réglementaires. Là aussi, l’identification d’un partenaire expérimenté sur le sujet et un travail en amont de qualification des matériaux (via les fiches techniques proposées par Murmur réemploi par exemple) permettent d’avancer plus sereinement sur le sujet même si le sujet reste encore complexe.

Dédier un lot au réemploi permet à des acteurs spécialisés de se positionner, avec une réelle expertise sur les matériaux et leurs applications, comme l’a précisé Charlène Beaudaire. Cela permet d’augmenter les taux de réemploi et de garantir un sourcing et un approvisionnement pertinent en matériaux réemployés, ainsi que des débouchés pour les matériaux qui ne seront pas réutilisés sur le chantier. Cela permet de décharger les autres entreprises qui travaillent sur le chantier de la recherche, la commande, et la livraison de produits de réemploi tout en les sensibilisant à de nouvelles pratiques.

Une plus-value sociale

Au delà de la plus-value environnementale centrale liée à la réutilisation des matériaux, ce volet réemploi présente aussi une plus-value sociale. Les ressourceries éphémères organisées par Murmur réemploi ont permis d’ouvrir le chantier sur son quartier, et de réunir des habitats et curieux, adeptes du réemploi ou non, à découvrir la dynamique du projet voire à acquérir des matériaux issus du chantier.

Passé en 2020, le marché lié au Grand T faisait plutôt figure de précurseur : le sujet du réemploi était peu présent, et les offres moins nombreuses : aujourd’hui de plus en plus d’acteurs se positionnent sur le sujet !

Sur le réemploi, Les Ecossolies ont un rôle important à jouer en accompagnant la structuration de ce secteur, en complément des actions portées plus spécifiquement dans le secteur de l’écoconstruction et du bâtiment avec le réseau Echobat.

Le forum des achats innovants et responsables

Organisé par les principaux donneurs d’ordre publics du territoire*, le Forum des Achats Innovants et Responsables (FAIR) est le rendez-vous annuel dédié à la commande publique innovante et responsable. Il réunit les principaux acheteurs publics des Pays de la Loire et les entreprises proposant des solutions innovantes et responsables susceptibles de répondre à leurs besoins.