#StopFastFashion : Le TransiStore rejoint la mobilisation nationale
- Réemploi et ressources
Vendredi 14 mars, la ressourcerie Le TransiStore a participé à la mobilisation nationale #StopFastFashion pour exiger la mise à l’ordre du jour de la loi anti Fast-Fashion au sénat, un an après son vote à l'assemblée générale. Face à l'afflux quotidien de vêtements de mauvaise qualité, les ressourceries s'impatientent et souhaitent obtenir une réponse politique pour transformer les pratiques de production et de consommation.
145 kilos de vêtements collectés par jour
A l’entrée de la boutique de la Chapelle-sur-Erdre, une montagne de vêtements accueille les visiteurs et visiteuses venus faire leurs emplettes. Une femme commence à fouiller dans le bac mais Gaëlle Mention, co-directrice de la ressourcerie lui montre l’affichette positionnée plus bas «Ces vêtements ne sont pas à vendre». Le tas représente ce que la ressourcerie collecte chaque jour, soit 145 kilos. Au-dessus sont affichés des chiffres-clés sur la consommation textile. L’un d’entre eux raconte bien notre rapport aux vêtements « En moyenne, nous portons nos vêtements 10 fois avant de nous en débarrasser ».
« On se retrouve à collecter beaucoup de dons, ce qui est très chouette sur le principe, mais ce qui nous met aussi dans une situation compliquée car il faut trouver un exutoire à ces vêtements… La part que nous réussissons à réemployer reste très faible par rapport au flux de vêtements que l’on doit collecter avec cette industrie de la fast-fashion qui inonde le marché » explique Sophie Burel, également co-directrice de l’association.
Aujourd’hui, l’industrie de la mode produit des vêtements à un rythme délirant. En France, 3,3 milliards de vêtements et chaussures sont vendus par an, soit 827 000 tonnes de textiles contre 600 000 tonnes en 2014. Des vêtements trop fragiles pour durer et trop difficile à recycler à cause des fibres synthétiques qu’ils contiennent. Le taux de réutilisation des textiles ne cesse de baisser en France : 64 % en 2014 contre 56,6 % en 2020. 62% des vêtements finissent à la décharge ou sont incinérés et seulement 5-10% (la « crème ») atterrissent dans les boutiques solidaires. Un chiffre qui pourrait encore baisser avec le succès des sites de revente entre particuliers comme Vinted. On ne donne plus que ce qu’on n’arrive pas à revendre : la mode jetable.
Sophie précise qu’au TransiStore, elles sont plutôt « chanceuses ». Les dons restent de bonnes qualités pour le moment mais elle sait qu’ailleurs des collègues ont plus de mal à faire face à cet afflux. A l’automne 2024, le réseau national des ressourceries et des recycleries estimait que 23% des adhérent·es avaient dû faire une pause dans la collecte, faute d’exutoire. En cause, un marché africain en pleine transformation qui se lasse des ballots de vêtements inutilisables envoyés d’Europe et qui préfère acheter des vêtements neufs fabriqués en Asie. « Un conteneur de produits chinois neufs vaut 30% du prix d’un conteneur de vêtements d’occasion européen », estime Paul-Antoine Bourgeois, co-gérant de Gebetex, une entreprise de tri normande, interrogé par Novethic.
Une prise de conscience collective et une réponse politique
« Nous aimerions que cette mobilisation ait un impact à deux échelles. D’abord auprès du grand public pour qu’il y ait vraiment une sensibilisation et qu’il s’empare de ce sujet et que cela l’incite à acheter plus de seconde main et moins d’objets neufs », confie Sophie. De nombreux acteurs mettent ainsi en avant la méthode BISOU à dégainer avant chaque achat neuf.
- B comme Besoin : à quel besoin cet achat répond-il chez moi ?
- I comme Immédiat : en ai-je besoin immédiatement ?
- S comme Similaire : n’ai-je pas déjà quelque chose de similaire ?
- O comme Origine : quelle est l’origine de ce produit ? A-t’il été fabriqué dans de bonnes conditions ?
- U comme Utile : Cet objet va t-il m’être utile ? Combien de fois vais-je m’en servir ?
En parallèle, les ressourceries et associations écologistes réclament « un vrai engagement des pouvoirs publics pour qu’il y ait des avancées au niveau législatif avec notamment cette loi anti fast-fashion. On pense que c’est nécessaire pour réguler ce flux et après on pourra plus facilement augmenter le taux de réemploi et donner une seconde vie à ces textiles » conclue Sophie.
Adopté un an plus tôt par l’assemblée nationale, la loi n’est toujours pas arrivée à la chambre haute. A Paris, le collectif Stop Fast Fashion a déversé 10 tonnes de déchets textiles devant le Sénat pour remettre le sujet sur la table. La loi prévoit des sanctions financières, l’interdiction de la publicité et de la promotion des entreprises de fast-fashion ainsi que l’obligation d’afficher des messages sensibilisant à l’impact environnemental de la mode.
Sources
- France Info – Consommation : quelle quantité de vêtements les Français jettent-ils chaque année à la poubelle ?
- Zero Waste – Que deviennent les vêtements que l’on jette?
- France Inter – La Tête au Carré – Au secours, on est englouti sous les vêtements
- Novethic – Saturée, la filière du réemploi textile en pleine crise
- Reporterre – Friperie du monde, le Ghana croule sous nos vêtements